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LE COMBAT POLITIQUE VEUT DIABOLISER LES TERMES DÉFINISSANT L’ADVERSAIRE

21-11-2018

LE COMBAT POLITIQUE VEUT DIABOLISER LES TERMES DÉFINISSANT L’ADVERSAIRE

 par Michel Frankland

Churchill, et Sun Tsu bien avant lui, et récemment Richard Martineau, ont traité de ce sujet.

 

Car le combat politique moderne s’avère tellement plus subtil que nos joutes oratoires d’autrefois.

 

Un exemple de la dernière campagne provinciale. Couillard, contre le projet de la CAQ sur le rejet des signes religieux (entendons musulmans) dans la fonction publique, répond fièrement que le hijab porté par la musulmane est un droit personnel et inaliénable. Legault répond valeur québécoise. Cette réponse est faible. Il fallait ajouter qu’advenant un projet de loi dûment voté sur ce sujet par notre assemblée nationale, la précision vestimentaire en question devient un droit collectif. Il a alors priorité sur le droit personnel.

 

Ce même Couillard laissait entrer les immigrants à la pocheté. Avec un argument sous forme de menace : nous ne sommes pas racistes ! – mais ceux et celles qui, naturellement, jugent incorrecte cette notion de frontière passoire – on a droit de choisir ses immigrants ! – se sentent retenus, inhibés, par l’accusation fétiche du siècle, celle de racisme. L’attitude libérale m’apparait limpide : laissons-les entrer le plus facilement possible, l’ensemble de ces immigrants votent libéral, et leur nombre finira par noyer le projet indépendantiste.

 

En effet, le combat politique moderne hausse la subtilité à induire le rejet de l’adversaire par des moyens détournés. Il utilise les psychologues, les créateurs de pub, les médias.  Il s’agit de répéter en 100 manières la diabolisation de la terminologie qui définit la nature de l’adversaire. Trump nous en fournit un exemple parfait. FAKE NEWS répété plusieurs fois par jour pour définir les médias, surtout télévisés. Ainsi, la liberté de presse, une des toutes premières valeurs essentielles à la démocratie, devient, pour un grand nombre d’américains, entachée de vérités trafiquées.

 

Mais la tactique à la Pavlov pousse la perversion plus loin. Le Parti Québécois est axé sur l’indépendance du peuple québécois. PEUPLE, IDENTITÉ, NATION, NATIONALISME constituent, pour les stratèges libéraux, des termes à intoxiquer. On insistera donc pour identifier PEUPLE ET POPULISME, en peignant, par la bande, le populisme comme un racisme qui ne veut pas s’avouer. Et on insistera sur le caractère dépassé, folklorique et dangereux de ce « déchet historique ». On traitera de L’IDENTITÉ de la même façon. Alors que la planète appelle à une générosité tout azimut, à une identité humaine, sans coloration raciste, on répète à satiété le mépris inhérent à l’attribution « limitée » de ce concept à un groupe ethnique. NATION, et par voie de conséquence NATIONALISME, sont des kérygmes vilipendés.

Pavlov encore et toujours. On répète sur tous les tons, dans toutes sortes de contextes, dans des rencontres prestigieuses autant que dans les réunions politiques où se trouvent des journalistes, l’association des termes cités plus haut à des points de vue rétrogrades, périlleux pour la démocratie, franchement obscurantistes et arriérés.