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UN FACTEUR FASCINANT : LE RAPPORT NÉ0-ZÉLANDAIS PORTANT SUR 40 ANS

31-07-2018

UN FACTEUR FASCINANT : LE RAPPORT NÉ0-ZÉLANDAIS PORTANT SUR 40 ANS

par Michel Frankland

Le rapport Dunedin1, portant sur 1037 enfants de 3 ans et les suivant sur une période de 40 ans2, nous révèle un point de vue fort intéressant.

 

Le rapport, pour l’essentiel de sa longue quête en tout cas, veut répondre à la relation conflictuelle sur l’importance relative de l’inné et de l’acquis. Sommes-nous davantage ce que nous sommes par notre stock génétique ou par le milieu ?

 

La revue Science3 publia un article sur cette recherche. Terrie Moffitt et son groupe ont investigué ce rapport sous un angle scientifique. Moffitt, une post-doc en psychologie, travaille à l’Institut de Psychiatrie de King’s College de Londres. On constate l’importance de la recherche néo-zélandaise pour que des spécialistes reconnus de qualité d’une institution prestigieuse londonienne s’impliquent à fond dans une étude.

 

Le point biologique d’insertion de Moffit consiste dans la protéine d’oxydase-A. Il s’agit d’une enzyme qui décompose un groupe important de neurotransmetteurs4. Ils agissent puissamment sur l’attitude émotive d’une personne. La réduction de l’enzyme – et conséquemment l’accroissement des neurotransmetteurs – cause une augmentation proportionnelle de comportement violent. Cette évidence abondante est corroborée par les analyses biologiques sur les 1037 enfants de 3 ans. Dès cet âge, conduite vérifiée au cours des décennies, les enfants déficients de cette enzyme ont manifesté des comportements violents répétitifs au cours de cette période. Bref, l’influence génétique s’avère déterminante.

 

Évidemment, tout ne peut être génétique. Sûrement le milieu social doit jouer un rôle. Les deux groupes de chercheurs mentionnés plus haut ont constaté que l’enfant génétiquement porté à la violence l’est davantage si son milieu familial recèle de la violence. Mais n’est-ce pas d’abord le facteur génétique agissant aussi chez les parents ! Ils sont violents pour la même raison que leurs enfants portés à la violence. Le stock génétique comportant l’attitude à la violence a été normalement transmis. Bref, une transmission génétique normale d’une attitude marginale.

 

C’est ailleurs qu’il convient de situer la solution à cette tare. Elle suppose une double condition. D’une part, la connaissance de son état déficient ; d’autre part, la volonté de s’améliorer autant que faire se peut. En somme, c’est dans son âme que la personne déficiente doit puiser sa thérapie.

Par exemple, l’humoriste québécois Philippe Laprise a expliqué comment sa vie avait changé lorsqu’il a compris qu’il souffrait de TDAH, ou déficit d’attention – souvent accompagné d’hyper activité facilement désagréable. Les AA constituent un exemple similaire. L’alcoolique qui s’est reconnu tel peut ainsi demander de l’aide. Surtout, il a effectué une prise de conscience. Il se sait déficitaire et en danger, pour soi et pour les autres. Il a trouvé la seule condition de base au changement. Pourvu, répétons-le, qu’il accepte d’agir en conséquence.

 

Les médicaments aussi apporteront un supplément important de solution. Les pharmaciens présentent une panoplie de médicaments à cet effet.

 

Mais de longues heures chez le psy ne serviront que relativement. La solution viendra de la personne déficiente elle-même. L’aide des médicaments augmentent les chances de succès. Ce n’est que par la bande un problème psy ; ce sont les gènes qui sont déficients.

 

Quelle est, pour une population, le pourcentage de gens fonctionnels et de déficients comportementaux ? Les spécialistes de Dunedin ont constaté l’existence de cinq groupes d’individus. Les voici, en tableaux, avec quelques caractéristiques et leur pourcentage respectif de la population.

ÉQUILIBRÉ

RÉSERVÉ

AFFIRMÉ

INHIBÉ

INDISCIPLINÉ

40 %

15 %

28 %

7 %

10 %

S’adapte bien. Actif. Sait s’organiser.

Effacé. Souvent très sensible. Prudent.

Tempérament des sportifs. Meneur. Policitien.

S’enferme. Souvent dans la drogue.

Violent. Intolérant. Se battre est sa réaction.

 

1 Du nom de cette ville néo-zélandaise sur les enfants de 3 ans de cette ville, objets de cette longue étude.

2 Les 40 ans seront complétés en, ou vers, 2020.

3 Science Magazine, 1’ Février 2018

4 Neurotransmetteurs : molécules qui transmettent les signaux entre les cellules nerveuses. Entre autres, la dopamine, la sérotonine et la norépinephrine.