LE MONDE EN ORBITE 3.1
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par Michel Frankland
Darwin est généralement mal compris. La gauche se réclame de lui comme le penseur acharné à une recherche patiente qui a établi le principe de l’adaptation universelle du monde animal, et donc de l’être humain, animal intelligent. Cette affirmation se trouve à l’exact opposé de sa pensée. Darwin affirme au contraire la survie des plus adaptés. Le terme anglais l’exprime peut-être mieux : The Survival of the Fittest. La survie des plus « fittés ». Le postulat est simple et sain. Les plus aptes survivent et CONSÉQUEMMENT, transmettent leurs gènes efficaces à leurs enfants. Plus encore, les plus aptes vivent plus longtemps que les moins aptes, engendrent une progéniture plus abondante et augmentent pour ce groupe en question le nombre des champions de l’adaptation. Il en de même chez les animaux. Par exemple, chez les loups, la qualité adaptative est assurée parce que les louveteaux ne proviennent que de la rencontre sexuelle du loup alpha et de la louve alpha. Symétriquement, le fait qu’on ait, depuis environ un siècle, procédé à une vaccination générale de la population a favorisé l’émergence d’humains plus fragiles, moins en santé. La nature n’a pu accomplir sa sélection naturelle. Je suis évidemment favorable aux vaccins. Mais je constate, avec Alexis Carrel1, entre autres penseurs reconnus, qu’il y a un prix à payer pour les progrès médicaux.
Il en va spécifiquement ainsi de la race humaine. Or, c’est la capacité à abstraire qui nous nous distingue de l’animal. Mais nous nous trouvons depuis quelques décennies à subir un test complètement nouveau. Situons-nous il y a un siècle. Il fallait, pour réussir sur sa terre, ou à la drave ou comme bûcheron, des qualités intellectuelles très moyennes. Dans les villages, il n’y avait que quelques personnes instruites. Le curé, le médecin et le notaire. On peut situer vers 1970 l’entrée progressive de l’ordinateur dans le monde du travail. Puis, en une décennie, il s’est progressivement étendu. Ce produit et ses dérivés (téléphones intelligents, tablettes, et des milliards de courriels) sillonnent la planète. Le problème qui s’ensuit m’apparait darwinien.
En effet, le monde s’est transformé en profondeur, mais surtout à deux niveaux. Celui de la sensibilité collective – entendons par là que la palette des perceptions et des rapports émotifs se trouve modifiée en profondeur. Le kérygme de Mac Luhan le traduit parfaitement : The Medium is the Message. Entre le monde rationnel symbolisé par le train, où les rapports étaient clairement hiérarchisés et connotaient un univers structuré et serein, et l’univers fourmillant de nouvelles, de messages et richement diversifié, il n’y a pas, sauf pour les valeurs de fond, universelles, de commune mesure. Nous étions l’ordre du train, de la radio, de l’obéissance à l’Église et aux lois de l’État. Et lorsque nous les transgressions, nous SAVIONS que nous commettions un délit. Nous étions tout cela, au sens où notre sensibilité en était l’expression. Mais nous sommes maintenant tous azimuts, nous recevons, comme une éponge complètement imbibée, une myriade de messages. La terre n’est plus qu’un vaste village où bourdonnent des informations si nombreuses qu’elles nous transforment en profondeur. Des marches politiques dans les rues étaient jadis impensables, sinon fort exceptionnellement. La puissance des corps intermédiaires, corporatismes syndicaux et autres fort nombreuses associations, voilà qui était inimaginable en 1950.
Le problème darwinien se pose donc de la façon suivante. L’être humain se trouve devant une nouvelle épreuve de taille. Pour le comprendre, il nous faut revenir à la définition même de l’intelligence. L’intelligence consiste dans la capacité à gérer l’information.
Dans LE MONDE EN ORBITE 3.2, nous montrerons l’étendue des applications darwiniennes. Je vous préviens, vous serez étonnés…