 LA DEUXIÈME NAISSANCE
 
par Michel Frankland
« Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir ! » On se souviendra de cette chanson populaire de Petula Clark au temps de l’Exposition Universelle présentée à Montréal.
Je partage naturellement l’attitude de ma grand-mère amérindienne, qui, dans les derniers jours de sa première naissance, disait à la famille : « Quand je serai passée de l’autre bord, faites une fête. J’men va être avec le bon Dieu ! » Elle ne savait ni lire ni écrire. Mais elle comprenait d’instinct les vraies leçons de la vie et de la mort.
Paul, dans ses épitres, parle de voiles en enlever progressivement à mesure qu’on avance dans la vie spirituelle. Mais nous sommes embourbés dans un matérialisme qui triomphe dans les médias et nous cache d’un voile épais, multicolore, le sens chrétien. S’adonner au sport, à la marche aux instruments d’exercice installés au sous-sol ? Bravo… mais la perspective est faussée. On cherche à occulter tout ce qui crèverait le cocon qui nous protège du véritable exercice spirituel, pour rappeler la pensée ignatienne. On ne veut tellement pas voir la dépouille mortelle qu’on la réduit à l’urne funéraire. On est « pour la vie » ; on veut réduire « la mort. » – Je n’exclue pas ici l’urne si ce sont les couts funéraires qui la justifient.
Le sens chrétien de la vie s’exprime lumineusement dans la fête de Pâques. Toute l’histoire biblique nous parle de passages. « Quitte ton pays », dit Dieu à Abraham. Chemine à travers le pays de Canaan, l’Égypte, Babylone. Jésus révèle le sens plénier de ce voyage par la passion-résurrection. Renaitre par le passage vers la naissance enfin complète dont celle des langes nous a préparés. Pâques !
Autant j’aime vivre maintenant, autant j’ai hâte d’accéder à ma deuxième naissance. Chaque pas me rapproche de mon Village.
