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“SAVING PRIVATE RYAN”

16-09-2016

“SAVING PRIVATE RYAN”

envoyé par Lam Cham Tho 

Évidemment, je n’ai pas l’intention de raconter le scénario du film ‘‘Il Faut Sauver Le Soldat Ryan’’ du metteur en scène Steven Spielberg dans lequel Tom Hanks est l’acteur principal. Et je n’ai pas non plus le désir de faire la critique de cinéma pour analyser si le film est bon ou mauvais.

Toutefois, j’ai depuis toujours gardé le goût d’écrire un article sur ce célèbre film car pendant la guerre contre les Américains au Vietnam, une histoire chargée d’une même philosophie humanitaire a eu lieu mais à l’inverse.  Elle débutait à l’envers, tel un accouchement en siège avec les pieds en avant.

C’est une philosophie humanitaire à la couleur du sang car elle porte le masque de guerre d’un peuple alors que le sentiment humanitaire qui se dégage du film ‘‘Saving Private Ryan’’ porte la couleur bleue de la mer et de la voûte céleste.

L’histoire du sauvetage du soldat Ryan eut lieu au milieu de 1944 au cours de la 2ième Guerre Mondiale pendant le débarquement des troupes Américaines sur les côtes de la Normandie en France. Un détachement de 8 militaires fut formé sous le commandement du  Capitaine Miller pour aller sauver un soldat de 2ième classe, nommé Ryan, suite à l’ordre du Général Marshall de l’État-Major Central.

Ryan était le dernier fils d’une mère qui en avait déjà perdu 3 au combat, raison pour laquelle il fallait à tout prix ramener Ryan vivant à cette mère accablée de chagrin.

Au cours de ce sauvetage, six des huit militaires du détachement sous le commandement du Capitaine Miller furent tués, dont Miller lui-même.  Toutefois, les 2 militaires survivants parvinrent à ramener à la mère, ce brave combattant qu’était le soldat Ryan.

Le récit de guerre au Vietnam s’avère être tout le contraire. Il eut lieu dans une grotte située au village de Quế Tân, province de Quảng Nam, pendant l’hiver 1969. Dans cette grotte terrifiante, il y avait aussi une mère, Lê Thi Nghê (32 ans) et son fils-bébé, Lê Tân (3 mois).  Les troupes américaines ratissaient alors le village de Quế Tân; les habitants cherchaient refuge habituellement dans de telles circonstances en s’enfuyant en masse vers les villes. Mais ce jour-là, les guérillas communistes ont forcé la population civile à se réfugier avec eux dans la grotte Hòn Kẽm. Bébé Lê Tân (fils de Mme Lê Thi Nghê) ne cessait de pleurer de faim malgré tous les efforts pour le calmer.

De peur d’être découverts, les guérillas ont poussé Mme Nghê à tuer son fils.

Si les hommes du détachement du Capitaine Miller se sont sacrifiés pour protéger le fils d’une mère malheureuse, dans cette grotte Hòn Kẽm, les guérillas ont obligé une mère à tuer son propre fils pour leur survie.

Quel genre de morale est-ceci ? Comment a-t-elle pu être célébrée comme une ‘‘légende maternelle’’ puis sanctifiée comme sacrifice d’une mère vietnamienne héroïque qui, pour ‘‘la suprématie de la cause’’,  mit fin de ses propres mains à la vie de son fils?

Le journal ‘‘Jeunesse Online’’, dans son numéro du 9 Juin 2008, a relaté cette histoire selon laquelle, c’étaient les gens du village réfugiés dans la grotte qui avaient conseillé Mme Nghê, surnommée Sœur Cinquième, de sacrifier son bébé pour sauver tout le groupe.

Les paragraphes suivants ont révélé des mensonges mal cachés :

‘‘ Il y avait toujours des coups de feu. Les gens qui se trouvaient dans la grotte pensaient que les Forces Spéciales américaines arriveraient bientôt à la hauteur de leur endroit.  Tous étaient tristes et contraints d’imiter les guérillas pour harceler madame Nghê à sacrifier son bébé  ‘allez, sœur Cinquième, sacrifiez votre enfant’… !’’

 Mme Nghê embrassait le produit de ses entrailles toujours en pleurs : ‘‘Je ne t’aurais jamais abandonné mais pour sauver les citoyens du village, tu devras partir …’’Quand il a rendu son dernier souffle, elle enlevait sa veste pour l’envelopper, emportait son petit cadavre hors de la grotte, marchait 100 mètres vers l’Est malgré la pluie et le feu continu des canons. Elle creusait de ses mains nues le sol humide et froid pour enterrer son bébé.

 – 1ère révélation : mensonge

Il est évident que Mme Nghê n’a jamais tué son bébé de son propre gré mais c’étaient les villageois qui étaient contraints par les guérillas pour forcer Mme Nghê à tuer son enfant.

– 2ième révélation : cruauté

Mme Nghê a pu en toute sécurité ‘‘sortir de la grotte et creuser de ses mains à 100 mètres de là, une fosse pour enterrer son bébé’’. Ce fait démontre clairement qu’elle n’avait pas peur d’être tuée par les militaires américains (à quoi servirait-il de la tuer ?).  Depuis sa sortie de la grotte avec le cadavre du bébé, sa marche sur 100 mètres de distance jusqu’au temps nécessaire pour creuser la fosse, il devait au moins s’écouler une heure. Ceci prouve que les soldats américains étaient encore très éloignés et il était clair qu’au lieu de tuer son enfant, elle aurait pu se réfugier ailleurs pour que les pleurs du bébé ne mirent pas en danger la sécurité des guérillas. D’ailleurs, même avec un bébé de trois mois sur les bras, elle aurait tout aussi bien pu rentrer au village. Personne ne l’aurait tuée, au contraire, son bébé et elle auraient obtenu de l’aide !

Alors, pourquoi a t-elle dû tuer son enfant ?

Cela ne pouvait être qu’une décision barbare !

C’était une décision lâche et inhumaine !

Et cet évènement révèle un détail tristement cynique : les guérillas n’osaient pas laisser partir les villageois car ils avaient besoin d’un bouclier public pour se cacher.

Cette ‘‘mère légendaire’’ à ce jour, vit recroquevillée, asséchée dans le dénuement. Personne ne lui accorde aucune attention. Aucune aide financière, aucune excuse !

L’article du journal ci-haut cité a aussi parlé de la famille de cette mère en ces termes :

‘‘Le fils de Mme Nghê est décédé il y a maintenant presque 40 ans et le pays vit dans la paix depuis 33 ans. Le nombre d’environ 300 habitants du village Trà Linh d’antan a aujourd’hui triplé. La vie des villageois est encore très pauvre mais moins misérable que celle de Mme Nghê. Il lui reste une fille, Lê Thị Liên, mariée et mère d’un garçon.  Cette dernière aussi est très pauvre.  Avec son mari, elle a choisi de s’exiler à la commune Phước Đức dans le district de Phước Sơn (province de Quảng Nam) pour exploiter une plantation d’environ 4 hectares d’hévéas. Trop éloigné de la maison, le couple revient rarement visiter la mère.

Madame Nghê habite temporairement et seule dans la maison de sa fille pour le moment.  Elle souffre de plusieurs maux et vit sous le seuil de la pauvreté. L’État ne lui accorde aucune aide . À plusieurs reprises, Liên a demandé pour sa mère une quelconque subvention mais les agences Travail – Vétérans – Services Sociaux lui ont toutes déclaré ‘‘ne pas savoir classer sa mère dans quelle catégorie d’aide gouvernementale’’!

Obsédée constamment par la mort de son fils depuis des années, elle présente des troubles mentaux, étant tantôt lucide tantôt confuse. Elle garde en tout temps avec elle un linge appartenant autrefois à son fils comme un objet archi-précieux. De nuit comme de jour, dans ses moments confus, elle berce le morceau de linge et lui susurre des berceuses. En d’autres moments, elle allume des baguettes d’encens, perdue dans son monologue, part toute seule dans le bois à la recherche de la tombe de son bébé. Malheureusement, celle-ci a complètement disparu sous les pluies diluviennes après l’enterrement.

 L’histoire de ‘‘Il Faut Sauver Le Soldat Ryan’’ et celle de ‘‘La Nuit d’Horreur à Hòn Kẽm’’ sont des tragédies de guerre foudroyantes, impitoyables. Mais les philosophies humanitaires qui s’en dégagent sont si différentes qu’on dirait la lumière et les ténèbres.

Dans n’importe quelle guerre sur cette planète, la responsabilité d’un militaire est de protéger les civils et non de les forcer à tuer leurs enfants pour sauver sa propre vie. Et depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, les personnes adultes ont toujours couvert et protégé les enfants et non pas les enfants obligés de mourir pour protéger les adultes.

Ceux qui ont ‘‘libéré’’ le Vietnam (sic) non seulement ne se sont jamais sentis éhontés par l’histoire vécue à Hòn Kẽm mais au contraire l’ont chantée comme une certaine ‘‘conscience de l’époque’’ !? La Conscience de quelle espèce animale s’agit-il donc?

ĐÀO HIẾU

(traduction française par Dr. Đào Ngọc Thuận)