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FOCUSING 2a

02-07-2015

FOCUSING 2a

 

 

 

 

par Michel Frankland

Tel qu’annoncé dans le premier article, je présente ici les six étapes du focusing. En fait, le terme «mouvement» est probablement préférable à étape. C’est ce terme qu’emploie Gendlin.

 

 

Une étape préliminaire : Trouver un endroit où on se sent vraiment bien, propre à la détente. Gendlin propose un endroit légèrement non familier. Comme par exemple de s’asseoir chez soi dans un fauteuil dont on n’a pas l’habitude.

 

 

Premier mouvement : Se faire un espace mental. Un endroit d’où je peux observer clairement et paisiblement les problèmes qui me confrontent. Maintenant, faites la liste de vos problèmes, les plus considérables comme les plus triviaux. Car il peut arriver qu’en une occasion ou l’autre, c’est un problème objectivement minime qui vous irrite le plus. De l’espace que vous avez «balayé» et dans lequel vous vous sentez dégagé, mettez devant vous la liste de ces difficultés. Si vous avez fait le tour de vos problèmes, une voix intérieure vous laissera entendre qu’à part ces irritants, vous seriez vraiment heureux et en paix.

 

 

Deuxième mouvement : le Sens ressenti («felt sense»). Gendlin insiste : N’allez pas dans le problème. Gardez votre distance. Sentez ce que votre corps ressent quand vous percevez le problème dans son ensemble. Ici, le danger réside dans l’intervention rationnelle, qui veut tout de suite donner un sens clair à ce que vous alliez ressentir. NON ! Laissez dans votre garage votre bicyclette rationnelle. Vous êtes en pleine forêt. Le sens ressenti de ce qui vous fait mal est vague et assez obscur.

 

 

Troisième mouvement : La Poignée («The handle). Poignée, anse. Façon de saisir la qualité du felt sense. Un qualificatif comme «collant», «pesant», «irritable». Le signal que ce sens ressenti se livre : une certaine relâche de celui-ci. Une façon de vous dire : «C’est correct. C’est ce sens que je portais.» Laissez-le se nommer lui-même. Gardez votre attention sur votre corps. Il est discret. Écoutez attentivement.

 

 

Quatrième mouvement : Ajustement du sens ressenti et de la poignée. Demandez au sens ressenti : «Est-ce bien cela que tu m’as livré ?» Vous ressentirez une respiration profonde en vous en guise d’assentiment. Mais il arrive que cela ne se produise pas. Dans ce cas, reprenez contact avec le sens ressenti. Laissez d’autres mots arriver. Il y faut gentillesse et patience – 10 à 20 secondes. Rappelons à ce propos une vérité fondamentale de notre vie inconsciente : parce que justement l’inconscient se situe à la racine de la vie, il est continuellement en mouvement. Un mouvement lent, en syntonie avec la vie qui passe. Ainsi, à cette deuxième interrogation, ce sens ressenti aura bougé un peu. Sa réponse sera celle de ce moment de vie, légèrement différente de la précédente.

 

Q

uand vous êtes en contact avec la véritable réponse qui définit ce sens ressenti, restez avec environ une minute. Habituez votre énergie vitale à se sentir bien avec vous. C’est en même temps une vérification de l’authenticité de la «poignée» sur ce sens ressenti.

 

 

Cinquième mouvement : la demande. Si votre forêt intérieure vous a laissé un sens très clair (sans l’aide de votre appareil rationnel, se précipitant pour «aider» le sens à sortir – encore une fois, laissez votre bicyclette rationnelle dans votre garage), passez tout de suite au sixième mouvement. Autrement, interrogez le sens ressenti que vous venez d’éprouver. Demandez-lui : «Quel est le pire de tout ceci ?» ou «Qu’est-ce que ça prendrait pour que je me sente bien ?» Après cela, il peut être opportun de relaxer quelques minutes. Le focusing n’est pas un travail ; c’est une grâce particulière de contact avec les richesses de son être profond.

 

 

Sixième mouvement : la réception. Si vous accueillez gentiment et avec respect ce sens ressenti particulier que vous écoutiez alors, il en viendra d’autres. Vous avez créé un lien de confiance avec vos sources vives. Même si ce que le sens ressenti à cette occasion vous montre une blessure intérieure, vous en ressentirez quand même paix et joie pour cette rencontre privilégiée avec une vérité inaccessible à votre conscience agissant par elle-même. Ultimement, de degré en degré, les réponses que vous obtiendrez créeront en vous un état de bonheur que vous ne soupçonniez pas. «De guérisons de questions en guérisons de questions, je les amène lentement vers Dieu.» Cette affirmation de Saint-Exupéry dans Citadelle s’applique à toute personne employant le focusing. Les incroyants oublieront la référence divine. Soit : de révélation en révélation de notre forêt intérieure, bonheur et paix nous habiteront. La vie est si belle, mais nous en sommes souvent si éloignés avec nos tours de Babel mentales !…

Dans le troisième article sur le focusing, nous continuerons à approfondir cette méthode si efficace, si naturelle et si simple. Tellement plus simple que nous !