« J’ai vu »
Par Serge Moise
Couler des larmes de sang
Sur ces visages grimaçants
De peines et de souffrances
              Attendant l’ultime délivrance
« J’ai vu »
Des petites mamans se livrer
En se jurant de tout tenter
Pour nourrir leurs enfants
Ainsi que leurs vieux parents
« J’ai vu »
J’ai vu toutes ces fillettes
Sortir de leurs cachettes
Obligées de se prostituer
Pour s’offrir à manger
« J’ai vu »
Des jeunes garçons se taper
Des touristes très cavaliers
Hélas au risque d’attraper
Herpès chancre ou sida
Et passer de vie à trépas
« J’ai vu »
Affichant leur délabrement avéré
Des millions d’enfants affamés
Engouffrer des galettes d’argile
Dans leurs estomacs si fragiles
« J’ai vu »
Le véreux secrétaire-général
D’un conseil électoral
Manipulateur sans couille
En plein dans la magouille
« J’ai vu »
Aux affaires juridiques
Un homme intègre et véridique
Résister à des pressions fortes
Préférant claquer les portes
Et ne pas salir sa réputation
Pour plaire à deux petits cons
« J’ai vu »
Plusieurs de ces bluffeurs
Qui promettaient le bonheur
A un peuple en errance
En précipiter la déchéance
« J’ai vu »
Des personnes très honnêtes
Se mettre dans la tête
Qu’il leur fallait mentir
Pour pouvoir réussir
« J’ai vu »
De tristes avocaillons
Dévorés d’ambitions
Avec une allure très fière
Massacrer leurs confrères
« J’ai vu »
De paisibles citoyens
Se transformer en requins
Et avec tant de dévotion
Se livrer à des exactions
« J’ai vu »
Des juges à la cour de cassation
En violation de la constitution
Rendre un arrêt alambiqué
Quant à la nationalité
D’un magnifique olibrius
Qui était riche comme Crésus
« J’ai vu »
Toutes les misères immondes
Partout à travers ce bas monde
Vous qui passez sans me voir
Faites qu’il y ait encor espoir
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